Pourtant, la Coquette s’était bel et bien débarrassée dans un passé récent des cités fantômes, à l’exemple de celle de Bouhamra où des milliers de baraques donnaient un aspect de désolation et de misère.
Certes, la réapparition de certains bidonvilles avait été constatée quelques années après avec l’avènement du terrorisme intégriste qui a contraint les populations des localités isolées à l’exode vers les grandes villes.
Mais, aujourd’hui, l’antique Bôuna souffre réellement de nouveau dans le domaine de l’habitat illicite, un phénomène qui semble être incurable devant le laisser-aller et le laissez-faire, surtout de certains services techniques des douze communes que compte la wilaya.
Ainsi, la vaste opération de démolition des constructions illicites ayant ciblé des centaines de baraques sur initiative du chef de l’exécutif de la wilaya de Annaba, M. Mohamed El Ghazi, dès son installation à la tête de Annaba, dans le but de redonner l’image de marque à la Coquette, a été malheureusement rapidement remise en cause.
Le prix des baraques diffère d’une région à une autre. Mais, dès l’annonce de la nouvelle de distribution de 7 000 unités, la baraque a atteint la cote de la paranoïa.
“Elle est cédée à 70 millions de centimes, notamment au niveau des bidonvilles du chef-lieu de la commune de Annaba, à l’image de Sidi-Harb, Bouhdid et Bouguentass, même celles construites pratiquement à l’intérieur des cimetières. Alors que les “lots vierges” pour la construction de baraques sont proposés à des prix oscillant selon leur position entre 30 et 40 millions de centimes”, explique un “kacher” (courtier) versé dans ce créneau.
Décidément, aujourd’hui, rien ne semble en mesure d’arrêter la poussée des bidonvilles.
À l’exception des chefs-lieux de communes de Berrahal et à un degré moindre celle d’El-Hadjar, les bidonvilles poussent pratiquement chaque nuit comme des champignons dans les autres localités, notamment au niveau des plus importantes communes de la wilaya, à savoir Annaba et El-Bouni, qui détiennent respectivement, dans ce cadre, les tristes records, selon les dernières statistiques de recensement des services concernés.
La construction des baraques, devenue aujourd’hui une véritable industrie grâce à des filières spécialisées, se faisait, selon certaines indiscrétions, généralement durant la nuit.
Le lieu choisi est situé loin des yeux, autrement dit, des terrains propices à l’implantation de baraques sans être dérangé.
La “naissance” d’une nouvelle cité illicite attire les gens tels des charognards autour d’une proie.
Une situation où les “kachara”, les entrepreneurs en bâtiment, et surtout les “clients” qui débarquent des différentes wilayas limitrophes, trouvent leur compte.
B. BADIS