Pendant la période ottomane de l’Histoire de Dar Essoultane, Alger, les banlieues proches, particulièrement celles situées au sud de la médina, étaient dotées de structure civiles ou militaires constituant des haltes et aires de repos pour les voyageurs, les caravanes et les bataillons de l’armée.
Souvent dans ces espaces, on trouvait au moins un café, un abreuvoir ou une fontaine, et parfois même une sorte de petit foundoq (hôtel) ou l’on pouvait se reposer avant de continuer son chemin.
Entre autres, il y avait parmi ces structures l’arrêt » de Ain Arrobt », ou « Ain Arrbot » pour certains, عين الرّبط qu’on appelle depuis la colonisation le quartier Champs de Manœuvres…
Il n’était pas moins populaire chez les Algérois, les Algériens et les voyageurs européens le beau café du Platane, plutôt Qahwat Al-Hamma قهوة الحامَّة à l’origine, situé au quartier Al-Hamma en face l’entrée du fameux Jardin d’essai ou l’écrivain/guerrier captif espagnol Miguel de Cervantès a tenté vainement de se cacher dans une grotte limitrophe avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui…
Mais il y avait aussi pour les militaires de Dar Essoultane aussi bien que pour ceux qui accompagnaient les gouverneurs départementaux, dits: Beys, pour leur nominations officielles (Addenouche الدّنُوشْ) ou pour contribuer à la défense d’Alger contre les attaques européennes, une caserne ou Qachla قَشْلَة surplombant la vallée d’El-Harrach ou le vieux Oued Al-Harrach وادي الحراش qui a fait parler de lui en 1541 en Espagne et en Europe lors de la campagne catastrophique de l’empereur Charles Quint contre Al-Djazair…
C’est bien cette caserne qu’on voit sur l’image ci-dessus, de forme carrée et assez spacieuse pour abriter des centaines, voire des milliers de soldats, avec leurs chevaux, armes et matériel logistique qui a donné naissance presque à toute cette banlieue algéroise.
C’est bien la forme de cette grande bâtisse, construite à la mode andalouse avec une touche locale à la manière des palais et maisons de la Casbah d’Alger et les Casbah d’autres villes algériennes, qui a inspiré les colonisateurs après 1830 pour donner à tout l’endroit le nom de Maison Carrée. Un nom disparu aujourd’hui après avoir survécu jusqu’aux premières années de l’indépendance du pays.
« Maison Carre » a suivi son promoteur colonisateur en 1962 pour refaire de la place au nom autochtone « El-Harrach » et qui n’est à son tour, d’après des chroniqueurs, qu’Al-Ahrach (الأحراش) prononcé selon les habitudes du parler local.
Autour de la caserne turque, toute une vie s’est organisée progressivement durant des siècles et des destins se sont liés étroitement à cette terre qui a connu les bataillons de Hadj Ahmed Bey un début de juillet 1830 et les braves combattant du Beylarbey Hassan Agha défendant courageusement et farouchement leur Mahroussa Billah durant une fin de mois d’octobre 1541 contre ‘expansionnisme d’une Espagne médiévale aveuglée par l’Inquisition….
Plus tard, des moutons, des bœufs, des mulets, des ânes…, et même des colonnes voitures sont venus peupler les alentours de la caserne ottomane donnant à toute cette banlieue un air de Souk, marché, éternel à ciel ouvert….