Le premier juin dernier, les frontières Algériennes s’ouvrent enfin, après plus d’une année de fermeture. Mais suite au calvaire des vols de rapatriement, la diaspora Algérienne en France se heurte vite à la rareté des billets pour les vols commerciaux. Les frontières terrestres et maritimes de l’Algérie restent fermées, tandis que le nombre des vols est drastiquement réduit. Les ressortissants Algériens n’en peuvent plus.
À Montreuil, en France, Hassan gère une agence spécialisée dans les voyages vers l’Afrique et le Maghreb, parmi ses clients, des Algériens en quête désespérée d’un billet d’avion qui les ramènerait au Bled. « Voir des familles dans une telle situation me brise le cœur », confie le gérant à TV5 Monde.
Une quête presque impossible
Parmi les clients de Hassan, il y a cette dame Algérienne âgée de plus de 80 ans. L’immigrée infortunée, poussée par le désespoir, va aller plusieurs fois par semaines à l’aéroport Charles De Gaulle afin de chercher une place à bord de l’un des avions à destination de l’Algérie. « Si j’arrive à repartir là-bas, je veux rester y mourir », a-t-elle fini par lâcher, les larmes aux yeux.
Cette femme Algérienne se déplace à l’aéroport, car à son âge, on ne sait pas comment utiliser Internet. En France, les agences d’Air Algérie à Paris et Marseille sont fermées depuis le 31 mai dernier, pour des « raisons sanitaires et sécuritaires ». Les agences de voyages, comme celle de Hassan, ne sont pas habilitées à vendre des billets. Afin d’en avoir donc, il faudra faire le guet sur les sites des compagnies aériennes. Mais cette vielle femme Algérienne de 80 ans, et son mari de 90 ans, n’y connaissent rien à la technologie.
Mais même si c’était le cas, sur les sites des compagnies aériennes, les choses ne se passent guère mieux. Outre le manque de communication sur les dates de la mise en vente des billets, les voyageurs vers l’Algérie se heurtent souvent à des messages d’erreur, à des annulations sans explication. Hassan estime que « obtenir un billet relève soit de la loterie, soit de connaissances personnelles », il ajoute que « certains ont même installé une extension sur Google Chrome pour que les pages s’actualisent automatiquement ».
Manque de transparence et cherté des prix
Inès, employée à l’aéroport Charles de Gaulle, témoigne. « L’avion qui est parti cette semaine était quasiment vide », ce qui reste incompréhensible pour elle, mais aussi pour tous ces ressortissants Algériens qui sont en quête d’un billet retour depuis plusieurs semaines. La mère de Ines indique, quant à elle, qu’elle avait pu trouver une place pour un vol prévu pour le 25 juin dernier, mais il a été annulé sans donner la raison.
La même chose est survenue le 9 juillet dernier, plusieurs voyageurs ont appris que leur trajet était supprimé seulement une fois arrivés à l’aéroport. Hassan indique qu’il y a des vols prévus pour septembre sur le site d’Air Algérie, mais que lui, il ne peut pas les vendre et donner des faux espoir aux ressortissants Algériens. « Il y a quelques jours, une femme est venue me supplier de trouver un moyen d’aller en Algérie, peu importe le prix. Vous vous rendez compte ? », confie le gérant de l’agence de voyage.
Concernant les prix, certains crient à l’arnaque. Alors qu’un billet aller-retour Paris-Alger coutait dans les 500 euros avant la crise sanitaire, aujourd’hui, ceux qui veulent rentrer chez eux en Algérie doivent débourser plus de 600 euros pour un aller simple. « Ils nous privent de quelque chose qui est nécessaire, vital. Nous empêcher de voir notre famille, c’est terrible. Ce que nous vivons est horrible », confie Salima.