C’est l’une des rares fois, depuis plusieurs années, qu’un débat au Parlement suscite autant d’intérêt. Et pour cause : le débat porte sur un projet de loi de finances alors que les statistiques sont révélatrices d’un déficit commercial évalué à près de 11 milliards de dollars sur les 10 derniers mois de l’année en cours, contre un excédent de 4 milliards de dollars pour la même période de l’année 2014. Ce différentiel trouve son explication dans la chute des recettes d’exportation des hydrocarbures, en baisse de plus de 40%.
Au-delà de ce constat, somme toute prévisible, la responsabilité des dirigeants en charge de l’économie est engagée. Car, hormis les beaux discours, notamment sur la facilitation des projets d’investissement productifs, la réalité est tout autre. Des projets sont bloqués sans aucune explication, au niveau de plusieurs wilayas, malgré les recommandations multiples des experts et les promesses des responsables. On parle beaucoup de bureaucratie, mais ce n’est sans doute pas le principal obstacle devant les investisseurs confrontés souvent à d’autres blocages de nature subjective.
Certes, il ne s’agit pas de brader le foncier, mais il convient de libérer l’accès aux assiettes de terrain, quitte à le codifier pour en assurer un suivi rigoureux, pour s’assurer qu’il ne soit pas détourné de sa vocation. Sans quoi, la diversification de l’économie, devenue le leitmotiv de nos gouvernants, restera un slogan creux.
C’est en ce sens que la loi de finances de cette année, soumise au débat au Parlement, doit se démarquer des précédentes par des décisions audacieuses en matière de diversification de la sphère économique et ne pas jouer uniquement sur des augmentations tous azimuts sur le dos du citoyen, quand, au même moment, le Premier ministre insiste sur la détermination de l’Algérie à maintenir sa politique sociale.
Face à la crise, il faut créer de la richesse et, dans un pays où les compétences et le sens de l’initiative ne manquent pas, seule l’absence de volonté politique peut empêcher l’émergence d’une économie productive et diversifiée, seule à même de mettre fin à la dépendance aux hydrocarbures.