Le président sortant, Abdoulaye Wade (à droite), et son ex-Premier ministre, Macky Sall, s’affrontent ce dimanche pour le second tour de l’élection présidentielle. Un scrutin à l’issue incertaine qui s’inscrit dans un contexte régional instable.
Les quelque 5,3 millions de Sénégalais appelés aux urnes ce dimanche 25 mars pour le second tour de la présidentielle ont commencé à affluer vers les bureaux de vote. Selon l’Agence France-Presse (AFP), de longues files d’attente s’étaient formées avant même l’heure d’ouverture officielle du scrutin, prévue à 8 heures (heure de Dakar).
Le 26 février dernier, le président sortant Abdoulaye Wade remportait le premier tour de l’élection présidentielle au Sénégal avec 34,81% des voix. Macky Sall, son ex-Premier ministre, arrivait second avec 26,58%.
Depuis, les deux candidats ont tenté de convaincre les électeurs indécis jusqu’à vendredi, dernier jour de la campagne électorale pour le second tour.
Macky Sall a notamment su rallier autour de sa candidature l’ensemble des douze candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du chanteur Youssou N’Dour, écarté du scrutin par le Conseil constitutionnel. Le front commun « anti-Wade » ainsi formé a fait naître au sein d’une partie de l’opinion publique l’idée que le président sortant pourrait ne pas remporter l’élection.
Le Sénégal, nouveau modèle démocratique dans la région ?
En Afrique et ailleurs, ce second tour sera suivi de près, quelques jours après qu’un coup d’État militaire – toujours en cours – au Mali voisin a rappelé la fragilité démocratique de certains États africains. La région abrite en outre le mouvement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dont l’extension des activités dans la bande sahélo-saharienne inquiète.
« C’est le pays le plus stable d’une région en train de s’écrouler. Le président qui sera élu dimanche bénéficiera donc d’un soutien international », estime Mamadou Diouf, directeur de l’Institut d’études africaines à l’Université de Columbia, à New York, interrogé par FRANCE 24.
« Il faut souhaiter que le Sénégal devienne un exemple démocratique, que les Sénégalais règlent leurs problèmes par les urnes », déclare-t-il. Comme lors du premier tour, plus de 90 observateurs de l’Union européenne ont été déployés dans les 45 départements du pays vendredi, y compris en Casamance où sévit depuis 1982 une rébellion armée.
L’opposition entre les deux candidats est frontale mais il ne faut pas craindre de coup de force du chef de l’État sortant en cas de défaite, estime Mamadou Diouf : « Si Wade est battu, il devra partir. Il n’aura pas le choix car il n’aura pas les moyens de rester du point de vue politique », explique l’historien. Macky Sall a tout de même demandé à ses partisans de rester « vigilants », craignant des fraudes du camp du président sortant.
Le professeur de l’université de Columbia reste confiant quant au déroulé du second tour : « Le Sénégal a déjà montré dans des situations similaires que ses institutions lui permettaient de traverser ces épreuves. » Le 19 mars 2000, battu par Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle, Abdou Diouf avait accepté sa défaite et quitté le pouvoir.