Alors que l’économie nationale a besoin d’autres sources de financements que ceux provenant des institutions financières classiques, la Bourse d’Alger, créée en 1997, peine à attirer les entreprises.
A ce propos, le directeur général de la Bourse d’Alger, M. Yazid Benmouhoub, a rappelé lors de son passage ce mardi à la Radio algérienne, que «le stress financier que connait l’Algérie, notamment à partir du second semestre 2014, a montré les limites du système financier classique qui est basé pratiquement à 97% sur le financement bancaire », ajoutant « il faut aller vers d’autres sources de financement, y compris la bourse qui pourrait jouer un rôle important dans le financement des entreprises ».
Interrogé sur les craintes des chefs d’entreprise de recourir à la bourse, M. Benmouhoub explique que « beaucoup de chefs d’entreprise ne savent pas que la bourse peut les financer », préférant recourir à des crédits bancaires à des taux bonifiés.
Il a rappelé l’ouverture en 2012 d’un marché dédié à la PME au niveau de la bourse d’Alger, expliquant que «les pouvoirs publics font un effort considérable pour la création d’environ 1 million de PME supplémentaires », ajoutant « nous avons pensé que la bourse pourrait être un vecteur de financement important pour cette catégorie d’entreprises ».
Le DG de la Bourse d’Alger a rappelé que les deux principaux modes de financement des entreprises sont l’autofinancement ou le recours aux banques, expliquant que « nous voulons inverser la tendance pour alléger le fardeau sur le secteur bancaire, d’autant plus que les liquidités bancaires ont chuté considérablement depuis le deuxième semestre 2014. Plus de 97% des entreprises en Algérie sont des TPE qui emploient environ 2,6 millions salariés ».
M. Benmouhoub a souligné qu’«une partie des 3.000 PME pourrait être financée par la bourse à travers le marché des PME », rappelant au passage les facilitations dont elles pourraient bénéficier, telles que les exonérations fiscales ou l’allègement du taux d’ouverture fixé à 10%.
Concernant les réticences les entreprises à s’introduire en bourse, M. Benmouhoub a indiqué que «les sociétés privées sont un peu réfractaires à l’ouverture du capital à un actionnaire étranger », précisant « toutes les PME ne sont pas éligibles à un financement via la bourse, d’où la nécessité de les faire passer par des fonds d’investissement qui peuvent les aider à se structurer ».
S’exprimant sur l’informel, M. Benmouhoub a indiqué qu’«il impacte non seulement la bourse mais aussi toute la sphère économique », précisant que « l’utilisation des moyens de paiement électronique et des chèques vont permettre d’assécher de manière graduelle les liquidités qui circulent dans le marché informel ».
Et d’ajouter, «actuellement il est très difficile pour nous de concurrencer le marché informel. Les entreprises cotées en bourse avaient un rendement de 11% net d’impôts en 2016, cela n’a pas suffi à drainer davantage d’investisseurs ni d’entreprises nouvellement cotées ».
Par ailleurs, la capitalisation boursière de la place de Casablanca s’élève à 65 milliards de dollars participant ainsi à plus de 30% au PIB du pays, et celle de la place de Tunis s’élève à 10 milliards de dollars.
S’exprimant sur l’Introduction des entreprises publiques, M. Bnemouhoub explique que l’Etat en tant qu’unique actionnaire de ces sociétés, peut les financer à travers le Trésor public.
Le DG de la Bourse d’Alger pense qu’au regard des besoins de financements des entreprises, le recours systématique aux financements bancaires « ne suffira plus », il faudra donc des levées de fonds plus importantes, chose qui ne peut se faire qu’à travers la bourse.
M. Benmouhoub estime qu’il est plus facile d’aller vers les banques, parce qu’une introduction en bourse exige un processus plus long, comprenant l’évaluation de l’entreprise, la détermination de la valeur de l’action et mettre en place un business plan. Les fonds levés à travers la bourse resteront dan l’entreprise, contrairement à un crédit qui devra être remboursé.
S’exprimant sur les conditions d’une introduction en bourse, M. benmouhoub explique que «l’entreprise doit être une société par action ». Cette condition est vécue par les PME comme un frein à une introduction en bourse, puisque 59% des PME sont des personnes morales, ayant la forme juridique dominant SARL et EURL.
Pour M. Benmouhoub, « les start-up ont besoins d’accompagnement soit par les fonds d’investissement, par des business angles ou par des fonds d’amorçage », précisant que « l’Etat a créée 48 fonds d’investissement de wilaya et chaque fonds est doté d’un milliard de dinar. Nous avons donc 48 milliards de dinars destinés au financement des PME à peine 10% de ce montant sont utilisés ».
Il a rappelé que « 97% de l’activité de la bourse provient de l’activité des OAT dont les encours sont d’environ 400 milliards de dinars, précisant que « les OAT ont augmenté de 14% en 2016 à 24 % en 2017 ».
Il a rappelé que le meilleur moyen d’assurer la pérennité de l’entreprise est de coter une partie du capital au niveau de la bourse.