Un salut fraternel…
Lors de la présentation de «Zabana!», le 1er Novembre, ce texte du réalisateur, Saïd Ould-Khelifa, a été traduit en espagnol et lu à l’assistance…
«J’avais tant rêvé de ce voyage, vers la Terre de Borges et du Che! Je voulais mettre un visage sur une ville, un pays que j’ai appris à aimer lorsque jeune étudiant je découvrais à la Cinémathèque d’Alger, des films comme La hora de los hornos, Los hijos de Fierro de Fernando Solanas, ainsi que ceux de Hugo Santiago»…
Par la suite, journaliste, j’ai eu la chance et l’honneur de me lier d’amitié, à Paris, avec le talentueux pianiste Miguel Angel Estrella, tout juste sorti de prison. Estrella «Najem», en arabe, (du fait de ses origines libanaises, de par son père), aura été pour moi le symbole de ce brassage réussi de l’humanité généreuse et ouverte, à l’image de votre festival qui constitue une fenêtre sur l’Autre, sur l’Arabe.
Aujourd’hui, je vous offre en partage une page de l’histoire de la guerre de Libération algérienne, qui a commencé le 1er Novembre 1954 et qui aboutira, le 5 Juillet 1962, à l’indépendance, après une occupation coloniale qui aura duré 132 années. Zabana!, un jeune idéaliste algérien, qui, à l’image d’une poignée de jeunes gens de sa génération pensait déclencher une guerre avec un armement à peine suffisant pour une partie de chasse… Mais cette «folie de liberté» a eu raison, finalement, d’une des première puissances du NATO…
Arrêté, dès la première semaine de cette guerre d’indépendance, Hamida Zabana, sera condamné à mort.
Pour l’exemple, le ministre de la Justice de l’époque, François Mitterrand, décidera de mettre en marche la guillotine… Zabana sera le premier guillotiné. Plus de 200 autres militants algériens suivront ce tragique chemin. Oran, la ville la plus hispanique d’Algérie, décor de La Peste, d’Albert Camus, porté à l’écran par Luis Puenzo The Pleague, est le décor premier de l’action militante du jeune Zabana. La prison d’Alger sera la dernière étape de ce parcours fulgurant et légendaire depuis. C’est donc un film qui raconte le destin d’un jeune Algérien qui a vu l’échec des politiciens se consumer sous ses yeux et qui a alors compris que la Révolution n’était pas au bout des concepts, mais bel et bien au bout des fusils, comme le proclamera plus tard un Argentin célèbre, Ernesto Guevara…Enfin et avec votre permission, tout en partageant avec vous cette histoire, je voudrais dédier cette soirée qui célèbre le 59e anniversaire du 1er Novembre, à un Argentin, qui a pris le bateau, en 1956, pour aller monter, au Maroc, une usine clandestine de fabrication d’armes pour le compte de l’Armée de libération nationale algérienne. Après l’indépendance, en 1962, il s’installa à Alger, fit venir sa femme Olga, qui partagea sa vie jusqu’à sa mort, en 2005, lui laissant un fils, brillant ingénieur, Luis-Mahmoud. II a 89 ans et réside à Alger. Ses petits-enfants vivent pleinement leur double culture, argentine et algérienne…Je suis donc fier, ce soir, de faire entendre et applaudir, sur sa terre natale, le nom de ce compagnon d’armes de Zabana, son frère de combat Roberto Muniz, l’Argentin!