Zoubida Assoul a animé samedi dernier, à Genève, une conférence-débat sous le thème “Algérie : un avenir à inventer”. Une conférence organisée dans le cadre du 14e Festival international du film oriental (Fifog). Devant l’assistance composée des diasporas d’Algérie, d’Égypte ou encore du Liban, Mme Assoul s’est exprimée sur la situation actuelle du pays et sur les perspectives pour sortir de la crise politique.
Elle a d’emblée expliqué vouloir proposer au chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, de bien vouloir “respecter la Constitution. Ce n’est pas à lui de faire des déclarations toutes les semaines, car l’armée est là pour la sécurité du pays”, tout en “espérant” qu’il arrête “le processus électoral et qu’il aille vers les négociations”. À ce propos, la conférencière a évoqué le projet d’organiser “des assises nationales qui permettront à tous les Algériens de s’organiser pour établir une feuille de route. Car la chose la plus urgente est de régler la crise politique et de trouver des solutions pour régler le fonctionnement de toute la gouvernance de l’Algérie”. Et d’ajouter sur la tenue d’une période de transition : “Elle permettra d’assainir la situation actuelle, de refaire une Constitution digne de ce nom qui portera l’Algérie pour les 50 prochaines années.”
Pour la concrétisation de ces projets, elle a rappelé qu’il est dans l’urgence d’annuler l’élection du 4 juillet et de “dégager” les personnes du système ayant ruiné le pays. Car, elles représentent un obstacle pour le changement et la rupture. Questionnée sur la nécessité d’avoir des leaders pour avancer, Mme Assoul a été catégorique en martelant : “Le peuple s’est réapproprié l’espace public, le débat politique. Nous ne devons pas le rompre pour n’importe quelle raison ! Nous préférons laisser le peuple s’organiser naturellement et trouver ses représentants.” Lors de cette rencontre, Zoubida Assoul a joué à la “pédagogue” en évoquant tous les événements marquant depuis le début des mouvements populaires, une sorte de bilan pour éclairer la salle. “Cette révolution ne concerne pas seulement la jeunesse, elle est faite par tout le peuple algérien sans discrimination ! Personne ne se doutait que le peuple algérien qu’on qualifiait de violent dans les stades, dans la rue ou même dans la sphère privée allait se comporter d’une manière civilisée et organisée.”
Tout en poursuivant : “Je pense que depuis les marches du 22 février, le peuple le fait hors du système politique et du système de gouvernance. À cet effet, il donne le meilleur de lui-même.” Les Algériens présents ont tenté de comprendre de quelle manière les communautés à l’étranger peuvent participer au mouvement populaire, à cette sollicitation, Zoubida Assoul a proposé “de rester mobilisés, car ces manifestations ont créé un rapport de force avec le pouvoir qui finira par abdiquer”.
H. M.