INES DALI
Les Forces de l’alternative démocratique donnent rendez-vous pour le 31 août prochain, date de la tenue de «la convention du pacte politique pour une véritable transition démocratique» devant révéler le contenu d’une nouvelle initiative. D’aucuns se demandent pourquoi une trêve de plus d’un mois, alors que la scène politique est en pleine effervescence et que le pays se trouve dans une situation de crise telle que le besoin pressant d’une solution n’est plus à démontrer.
Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), explique, au nom du groupe des Forces de l’alternative démocratique, que le problème ne se pose pas en termes de temps seulement, même si la «trêve» va durer une quarantaine de jours. «Nous voulons prendre le temps de bien organiser cette convention et de l’élargir à toutes les personnes, personnalités et société civile qui se reconnaîssent dans le projet de l’alternative démocratique. Notre projet dit que nous ne devons pas brader la révolution, cela d’autant que le seuil des revendications populaires a été placé très haut. Nous n’avons pas le droit, en tant que politiques, du moins au sein de la mouvance démocratique, d’aller en-deçà de ce seuil-là. Partant de ce principe, nous avons décidé de prendre le temps nécessaire pour organiser cette convention et avons fixé la date à la fin d’août».
Temps nécessaire pour un «travail de fond»
Suite à cela, «nous avons lancé un appel à toutes les personnes physiques, au mouvement associatif, aux partis et à tous ceux qui se reconnaissent dans le pacte de l’alternative démocratique de nous rejoindre et de participer même à l’élaboration de la feuille de route de sortie de crise».
Loin de se contenter d’un travail de surface, selon Mme Assoul, «nous voulons faire un travail de fond pour cette convention et pas seulement une activité juste pour apparaître sur la scène politique. Notre objectif est d’aller vers un travail de profondeur et d’élargir et de mobiliser au maximum la participation autour de notre alternative qui consiste à dire qu’on ne peut aller vers un dialogue sérieux et avancer vers une solution politique de la crise que si nous constatons des signes d’apaisement de la part du pouvoir».
A propos des mesures d’apaisement devant précéder le dialogue, la présidente de l’UCP se montre intransigeante.
«Dans l’état actuel des choses, pouvons-nous aller vers un dialogue ?» dit-elle dans une question purement rhétorique. «Quand nous avons la rue qui est en effervescence et des parents (qui m’ont contactée) toujours à la recherche de leurs enfants depuis trois semaines, ne sachant où ils sont ni dans quel tribunal ils ont été poursuivis ou présentés, comment voulez-vous qu’il y ait un dialogue ? Comment quiconque peut aller au dialogue alors que les attentes du peuple, c’est d’abord de libérer leurs enfants, de libérer le moudjahid Bouregaâ incarcéré injustement ? Quand on voit que les médias sont totalement fermés à l’opposition et qu’on ne permet pas aux citoyens d’écouter ses alternatives, comment pouvons-nous parler aujourd’hui d’un dialogue sérieux qui peut s’inscrire dans la perspective d’une sortie de crise ?»
«Il n’y a aucune solution qui peut émaner d’une seule partie»
Mme Assoul estime que le pôle démocratique a adopté «une démarche tout à fait rationnelle, objective, mais aussi une démarche qui consiste à dire : nous voulons aller vers une convention qui va écouter les gens, leur permettre d’élaborer ensemble une feuille de route de sortie de crise et non pas les ramener pour leur demander de valider une feuille de route qu’on aurait, nous, proposée. Nous, les partis politiques qui constituons l’alternative démocratique, avons chacun sa propre feuille de route. Aujourd’hui, nous voulons présenter une feuille de route non seulement commune à tous ces partis, mais aussi élargie sur la société civile, les médecins, les étudiants, les artistes, etc. Il n’y a aucune solution qui peut émaner d’une seule partie.
S’il n’y a pas l’adhésion de la société civile, du peuple qui est dans la rue tous les jours, il n’y aura pas de proposition qui sera acceptée. Raison pour laquelle il faut du temps pour faire un travail de fond, élargi». Elle poursuit en affirmant que les erreurs du passé doivent être évitées, notamment «celles de ceux qui nous ont précédés depuis 1962, qui avaient promis de passer le flambeau à la jeunesse et qui ne l’ont jamais fait. 57 ans après l’indépendance, le flambeau n’a même pas été transféré à la génération de l’indépendance. Aujourd’hui, nous voulons que les jeunes participent à l’élaboration de la feuille de route pour l’Algérie de demain. Nous, les partis politiques, nous devons l’élaborer avec la jeunesse de ce pays».
«Ni dialogue, ni solution, ni élection» sans libération des détenus d’opinion
Revenant aux arrestations des jeunes pendant les marches du vendredi, Mme Assoul note que tant que «les gens qui expriment librement leur opinion sont incarcérés, dont les jeunes qui brandissent les banderoles amazighes, alors que tamazight est une langue officielle, constitutionnalisée, on ne peut parler ni de dialogue ni de solution ni d’élection».
Pour rappel, les Forces de l’alternative démocratique ont appelé, avant-hier, à «une convention du pacte politique pour une véritable transition démocratique» pour le 31 août prochain.
«Nous, signataires du pacte pour l’alternative démocratique, appelons les forces patriotiques, démocratiques et sociales, qui aspirent à faire valoir les revendications légitimes du peuple algérien et faire aboutir ses exigences révolutionnaires, à s’inscrire activement dans notre effort à entretenir l’espoir et à imposer une alternative démocratique», avaient noté les signataires (FFS, RCD, UCP, MDS, PST, PT, PLD et LADDH) pour qui «la période de transition est ainsi le temps nécessaire pour mettre en place un environnement institutionnel sans lequel toute idée de rupture avec le système usurpateur sera vaine.
(…) aucune initiative politique de quelque nature qu’elle soit et aucun dialogue politique ne sont viables sans la satisfaction des exigences que sont la libération des détenus politiques et d’opinion, l’ouverture des champs politique et médiatique, l’arrêt immédiat du dispositif répressif et de l’instrumentalisation de la justice, ainsi que le départ du régime et de ses symboles».